« 30 ans de passion en éducation » : 30 ans de luttes syndicales

Cette année, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval fête ses 30 années d’existence sous le thème « 30 ans de passion en éducation ». Ce fût un grand privilège que de pouvoir lancer nos festivités dans le cadre des États généraux de l’enseignement supérieur qui se sont tenus à l’Université Laval[1]. Cet évènement a rassemblé des groupes et des institutions qui croient, comme nous, à la valeur fondamentale de l’éducation et qui en défendent la qualité et l’accessibilité pour toutes et tous.

30 ans de luttes syndicales : le chemin parcouru

Ces 30 années d’engagement syndical ont de quoi nous rendre fiers. Depuis la création du SCCCUL, les militantes et militants se sont fortement mobilisés afin que leur travail et leur collectif soient mieux reconnus au sein de la communauté universitaire, mais aussi afin d’obtenir des conditions de travail plus justes et respectueuses. Bien déterminés, ils ont mené quatre grèves importantes (1988, 1989 [médecine dentaire], 2004 et 2007), qui ont permis d’atteindre les résultats escomptés.

Mais notre toute première victoire fût juridique. Elle a été gagnée en 1987 lorsque le Syndicat a réussi à faire reconnaitre son accréditation syndicale qui était contestée par l’Université Laval. Loin d’être parvenue à contrecarrer le syndicat, la stratégie patronale a plutôt renforcé la solidarité des membres qui ont mené une grève déterminante dès l’année suivante.

C’est en raison de la très grande disparité salariale entre les chargées et chargés de cours ainsi que de l’arbitraire patronal prévalant à l’époque qu’est né ce désir de nous regrouper et de négocier un contrat de travail collectif. En effet, en 1985, les chargées et chargés de cours de l’Université Laval pouvaient gagner un salaire variant entre 1 800 $ et 4 000 $ pour une charge de travail équivalente. De plus, les attributions de cours ne respectaient aucun principe d’ancienneté. Trois ans plus tard, les membres fondateurs négociaient notre première convention collective et obtenaient de nombreux gains importants non seulement sur le plan des conditions de travail (meilleur salaire, attribution selon le principe d’ancienneté et paie de vacances), mais aussi pour la reconnaissance de notre collectif à l’Université Laval, notamment par la possibilité d’être représenté dans plusieurs instances universitaires.

Les négociations subséquentes ont aussi permis de faire des gains substantiels : en 1991, sur la taille des groupes et l’attribution d’auxiliaires d’enseignement; en 1998, sur la rémunération des tâches liées à l’enseignement ainsi que pour la participation aux réunions des instances; en 2004, pour un important rattrapage salarial de 12,5 %. En 2007, une autre augmentation salariale de 16,75 % et, finalement, en 2013 sur la charge de travail des chargées et chargés d’enseignement, pour ne nommer que ceux-là.

Plus largement, notre syndicat s’est aussi joint tout au long de son histoire à plusieurs mouvements de solidarité intersyndicale et communautaire visant à défendre des enjeux nationaux liés à l’éducation. Je pense notamment aux actions récentes concertées par la Table des partenaires universitaires dans le cadre des manifestations organisées contre les mesures d’austérité en éducation (2015); au Forum sur les enseignantes et enseignants universitaires contractuels organisé par la FNEEQ (novembre 2014); et à notre participation aux congrès de la Coalition du personnel enseignant précaire en enseignement supérieur (COCAL), dont celui de 2014, qui s’est tenu à l’Université Laval.

30 ans de luttes syndicales : ce qu’il reste à parcourir…

Face aux transformations actuelles des universités, nous avons cependant encore plusieurs positions à défendre et plusieurs dossiers à mener.

Nous devrons, d’abord, contrer la précarité permanente et la parcellisation, voire le démantèlement, du travail d’enseignement. Cette parcellisation est loin de n’être qu’un concept théorique à l’Université Laval : cela fait 30 ans que l’on existe et 30 ans que l’on est extrêmement précaires. Les dernières compressions budgétaires de 2014-2015 nous l’ont d’ailleurs rappelé de plein fouet. Ces coupes budgétaires ont en majeure partie été réalisées au détriment des chargées et chargés de cours, et ce, en faisant fi du fait que notre travail est pourtant au cœur de la mission de l’Université. Ce travail, notre travail, n’est pas un « extra » que l’on peut enlever sans qu’il y ait d’impact sur la mission de cette institution.

Nous devrons aussi défendre des conditions de travail plus raisonnables. Car, au jeu de la rationalisation et de la surcharge, personne n’en sort gagnant : ni les enseignants, insatisfaits et épuisés, ni les étudiants, sans encadrement efficace et sans vrai choix de cours, ni même les directions d’unités, sous tension face à la prescription « du toujours plus » avec moins de ressources.

Solidarité vers un but commun

Heureusement, ces dossiers et ces luttes nous ne les mènerons pas seuls. Avec près de 10 000 chargées et chargés de cours en négociation au Québec en 2017, la classe gestionnaire universitaire du Québec devra écouter ce que les chargées et chargés de cours ont à dire à propos de leur travail et de leur avenir.

Grands alliés depuis toujours, nous pourrons compter sur l’engagement remarquable des syndicats de chargés de cours du Regroupement Université FNEEQ-CSN pour défendre de meilleures conditions de travail ainsi que la valorisation de notre apport et de notre collectif au sein des universités. Nous pourrons également compter sur l’appui inconditionnel du Conseil Central de Québec Chaudières-Appalaches-CSN qui nous soutient depuis maintenant 30 ans dans nos activités de mobilisation et dans diverses manifestations qui visent à défendre l’éducation et nos conditions de travail.

Pour terminer, je tiens à souligner l’engagement exceptionnel de nos membres, qui militent pour l’amélioration de notre contrat de travail, pour le mouvement syndical ainsi que pour l’éducation et l’enseignement supérieur en général. Face à la prochaine négociation de notre convention collective, nous pourrons compter sur le fait que nous soyons forts et solidaires, appuyés par nos alliés chargés de cours qui se battent eux aussi contre les logiques managériales qui ont envahi nos institutions d’enseignement. Je souhaite que nous puissions poursuivre notre travail avec conviction!

Christine Gauthier
Présidente

[1] Texte de l’allocution lu lors du 5 à 7 des États généraux de l’enseignement supérieur le 19 mai 2017.

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