J’aimerais vous souhaiter un bel été tout en partageant une expérience personnelle dans la nature, avec ces détails du quotidien qui au départ paraissent anodins, mais qui peuvent nous amener à une réflexion sur un sens particulier d’égalité et de justice. En espérant que ce récit vous inspire tout autant, bonne lecture.
C’est agréable de commencer sa journée en faisant une belle promenade, surtout au printemps et en été. C’est ce que je fais depuis quelques années puisque j’ai choisi d’habiter près d’un boisé. Il s’agit pour moi non seulement d’un moment de détente mais aussi de réflexion, d’introspection. C’est peut-être le moment le plus « philosophique » de ma journée. En observant la nature, il m’arrive d’attribuer de la signification aux différents éléments qui sont sur mon chemin tout en tissant des liens avec mes inquiétudes. D’ailleurs, depuis que j’ai écouté le documentaire L’intelligence des arbres, je ne regarde plus les arbres de la même façon. Et à l’automne, il m’arrive de ramasser des feuilles séchées pour me bricoler des tableaux de fortune.
Cette fois-ci, je revenais de ma promenade philosophique et contemplative quand, soudainement, le vent a soufflé dans ma direction en apportant avec lui une feuille de chêne séchée. Comme elle venait droit dans ma direction et tout s’est passé très vite, j’ai sursauté en pensant qu’elle me frapperait. Mais elle s’est déposée au sol juste devant moi. En la voyant sur le gazon au milieu des pissenlits, je n’ai pas fait attention et j’ai continué à marcher. En faisant quelques pas à peine, je me suis dit : c’est quand même spécial qu’une feuille vienne se déposer juste devant moi. Pourquoi cela est arrivé? Est-elle parfaite pour un tableau?
J’ai décidé de revenir sur mes pas, et la feuille était là. Comme si elle m’attendait. J’avais des attentes. Je pensais qu’elle était parfaite. Je l’ai ramassée et bien observée. À la première vue, quelle déception, elle n’est pas parfaite. Cependant, j’ai ensuite pensé : « mais elle n’a pas besoin d’être parfaite pour être belle. C’est la beauté de la nature imparfaite ». Et cela a résonné en moi comme un message important. J’ai continué ma réflexion en observant la feuille que je tenais maintenant avec un peu plus de respect. Pourquoi cherchons-nous la perfection?
J’ai ensuite pris le temps d’observer de plus près les imperfections de cette feuille ordinaire et qui est devenue singulière et curieuse. D’abord parce qu’elle est venue à moi par le vent et ensuite, grâce au sens que je lui ai attribué. Sa forme, ses petits trous, sa coloration des deux côtés, bref, tous les détails qui la rendent unique. J’ai donc décidé de l’apporter avec moi et de la garder dans un livre épais pour la conserver. Je l’ai donc introduite dans la Bible pauvreté et justice.
En réalité, par hasard, j’ai ouvert ce livre sur une page au milieu qui explique qui sont les pauvres. La phrase suivante a attiré mon attention. « Le véritable pauvre est celui à qui la capacité de faire des choix pour lui-même a été dérobée : le choix d’une eau saine et propre, le choix d’une éducation, le choix de se protéger des abus, le choix des soins médicaux, etc. ». C’est alors que j’ai eu l’impression de mieux comprendre le sens du mot justice, et je me suis demandé si la compréhension de ce principe – la possibilité de faire les meilleurs choix pour soi-même – pourrait un jour orienter nos institutions dites démocratiques vers un monde où toutes les personnes seraient également riches.
Je vous souhaite un très bel été.
Marta Teixeira
Vice-présidente aux communications