L’Université Laval a connu deux grèves en 12 mois : celle du SPUL à l’hiver 2023 et celle du SCCCUL à l’hiver 2024. Pourquoi ? Le SPRPUL a été contraint d’aller chercher un mandat de grève lors d’une assemblée générale afin de régler sa négociation. Pourquoi ? Bien que l’Université Laval se soit lancée il y a quelques années dans la révision de ses statuts, elle refuse de véritablement consulter la communauté et les syndicats. Pourquoi ? Au sortir de la grève du SCCCUL, puis après l’adoption de notre entente de principe en assemblée générale, l’Université Laval a procédé à des ponctions salariales sur deux périodes de paie des personnes chargées de cours, sans prendre le temps d’évaluer si la prestation de travail avait été affectée par la grève. Pourquoi ? Un professeur tient des propos controversés, ce que sa liberté académique permet et protège, l’UL le congédie. Pourquoi ? Les négociations avec le STEP s’éternisent, le SPUL dépose une mise en demeure auprès de l’UL, la rectrice est accusée d’intimidation [1]… que se passe-t-il à l’UL ?
Un employeur souhaitant maintenir des relations du travail saines ne se comporte pas comme l’UL. Dire et répéter que le bien-être est important ne suffit pas à l’incarner. Accorder plus d’importance aux classements et autres palmarès qu’aux conditions de travail de ses salariés·es est une grave erreur et explique sans doute en partie les diverses dérives actuelles à l’UL. On met en place des comités santé et sécurité au travail pour répondre aux exigences de la LSST dans le strict but d’être un bon élève, mais sans une réelle réflexion globale sur le mieux-être au travail. Bien naïf qui croirait que les relations du travail à l’UL reposent sur une vision commune partagée par la communauté et l’équipe de direction. Un virage est nécessaire, ce qui justifie l’exercice d’un contre-pouvoir solidement enraciné dans les valeurs universitaires, telles que la collégialité et la démocratie. C’est précisément ce qui mobilise et coalise le Regroupement intersyndical de l’Université Laval (RIUL). Selon le RIUL, il est impératif de corriger le tir. Les gestionnaires doivent reconnaitre que la communauté universitaire existe, a une voix, souhaite être entendue et doit être entendue. Une manière d’y parvenir est de modifier les statuts de l’UL en plaçant véritablement la communauté lavalloise au cœur de la démocratie universitaire et des missions fondamentales. Cela pourrait commencer par élargir le processus d’élection au rectorat à l’ensemble des membres de la communauté. Pourquoi s’opposer à une université plus démocratique ?
Sylvain Marois
Vice-président aux relations intersyndicales
[1] https://www.lesoleil.com/actualites/education/2024/04/12/la-rectrice-de-luniversite-laval-accusee-dintimidation-SUDFRXQ7XJELDBTHZTHGLCDMYI/