L’après-Forum social mondial (FSM) de Montréal : un bilan

Le 5 novembre 2016 a eu lieu une activité régionale post-Forum social mondial (tenu à Montréal du 9 au 14 aout). Était invitée toute personne intéressée, particulièrement les gens ayant participé au FSM 2016, dans le but de développer un réseautage informel entre les individus et les groupes. Une quinzaine de personnes ont ainsi répondu à l’appel lancé par le Réseau du Forum social de Québec Chaudière-Appalaches et Développement et Paix.

 Cette rencontre a permis de constater ce qui est ressorti du FSM et quels intervenants ont été des sources d’inspiration pour leurs organisations. Des personnes impliquées au Forum social des peuples de 2014 ont ainsi remarqué qu’il fallait provoquer des suites à celui-ci, telle une deuxième édition, à la suite de petits forums locaux et citoyens : il y en aura ainsi un à Ste-Foy l’été prochain. Leur initiative a déjà permis une rencontre du milieu communautaire : 70 organismes, soit 150 personnes, ont déjà joint leurs efforts.

Des membres d’Alternative-QC ont de leur côté exposé les luttes contre le projet Énergie-Est, la campagne BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) préconisant le désinvestissement et des sanctions contre Israël, puis les problèmes que rencontre la Fondation Bolivar avec les États-Unis qui s’oppose politiquement à un Venezuela plus socialiste. D’autres oppositions contre les guerres (Syrie, etc.) se dessinent en vue des répercussions des élections américaines, de nouvelles velléités étant inévitables.

Des participants au Forum Théologie et libération ont souligné l’intérêt envers les intervenants d’autres pays, soulignant la nécessité d’aller vers les autres, dont nos frères autochtones, québécois ou d’ailleurs. L’engagement social est un formidable moyen d’intégration en ce sens. On doit aussi mieux partager nos ressources comme groupes. Les participants ont aussi noté une criminalisation fréquente de gens s’impliquant socialement, cela partout dans le monde, ce qui est vu comme de la pure intimidation. Un participant a perçu cette réalité dans des ateliers traitant de la situation des personnes immigrantes détenues au Canada : sans-papiers ou victimes d’erreurs administratives. Leur incarcération peut ainsi s’étirer sur des mois, voire des années, brisant des familles et des vies.

La question du salaire minimum, de la pauvreté à éradiquer, a aussi été un thème rassembleur. Offrir moins de 15 $ de l’heure, c’est manquer de respect aux travailleuses et travailleurs. On doit donc s’y attaquer progressivement. Des personnes militantes en situation de pauvreté ont d’ailleurs apprécié plusieurs ateliers, dont un à caractère éducatif à propos des techniques de communications, puis un autre sensibilisant le public aux enjeux du revenu de base. Toutefois, il a été reconnu que trop peu de place a été accordée à la pauvreté locale. Mais un mouvement s’organise par contre dans la région de Québec : rapprocher les organismes locaux et interculturels est la prochaine étape. On a mentionné qu’au FSM, en assemblée de convergence, des gens de partout ont réussi à avoir des positions communes sur la pauvreté, un résultat remarquable considérant le schisme nord/sud, le coût des transports aériens ainsi que les nombreux visas bloqués qui ont freiné la venue de représentants étrangers.

Sous un angle plus critique, on a constaté un problème dans la médiatisation du FSM : proportionnellement à son importance, peu de gens en ont parlé dans les médias de masse et populaires. Or, pendant ce temps, trop d’organismes s’appauvrissent, le tissu social s’effrite et des postes permanents sont supprimés. Certains participants ont déclaré que nous suivons un modèle de parvenus fidèle au néolibéralisme, mais que des cercles de discussion tels que ceux présentés au Forum social mondial permettent de retisser les structures brisées. C’est un long processus éducatif qui s’annonce, pour passer de structures de pouvoir oppressives à d’autres plus humanistes.

Vincent Mauger a résumé le contenu du panel international organisé par le SCCCUL dans le cadre de l’Espace éducation supervisé par la FNEEQ. Ce panel, intitulé La contractualisation et la collégialité dans l’enseignement universitaire à l’heure de la mondialisation néolibérale.a réuni des intervenants des universités du Québec, de la Colombie-Britannique, des États-Unis, du Mexique et de la France : Vincent Mauger  en a profité pour transmettre certaines informations acquises dans des ateliers suivis au FSM à propos des pièges derrière le philanthrocapitalisme en éducation – une idéologie faisant des étudiants des entités économiques – puis il a abordé les contradictions de la gouvernance philanthropique avant de terminer sur les luttes syndicales en éducation.

Les participants ont réfléchi aussi à ce qu’ils pourraient faire individuellement ou comme groupe, en orientant leurs plans d’action ou leurs priorités. Les Journées québécoises sur la solidarité internationale ont été évoquées, comme l’opposition québécoise à Énergie-Est. Certains groupes seront attentifs quant aux suites des audits des ONG demandés sous Stephen Harper. Les députés doivent être sensibilisés davantage, car il y a plusieurs zones grises : les ministres peuvent éliminer des choses de façon arbitraire, des mécaniques alourdir la gestion, ce qui fragilise les organismes de bienfaisance. On a mentionné que la création d’un parti politique est plus payante qu’une ONG, même si personne ne sera jamais élu : il y a une réflexion à faire là-dessus. D’autres groupes s’attarderont au processus de monnaie locale complémentaire à Québec. Plusieurs demeureront vigilants quant au ministre Blais et son dossier de revenu minimal garanti : le risque existe de voir apparaitre une proposition au détriment des plus pauvres alors que, comme dans d’autres domaines, des lobbyistes professionnels luttent contre les groupes voulant faire des plaidoyers.

Les participants se sont quittés en suggérant de convoquer une autre rencontre locale ou encore de se réunir lors de la prochaine rencontre du Réseau Forum de Québec-Chaudière-Appalaches et d’inviter de jeunes délégués membres d’associations étudiantes afin d’avoir leurs lectures politiques des enjeux actuels.

Pour plus d’informations : http://www.reseauforum.org/postFSM.html

 

Vincent Mauger
Vice-président aux relations intersyndicales

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