Rapport du comité interculturalité, discrimination et racisme systémiques au travail et en éducation.
Lors du dernier Conseil fédéral ordinaire de la FNEEQ qui s’est tenu les 4-5-6 décembre 2019 à Montréal, le comité interculturalité, discrimination et racisme systémiques au travail et éducation a présenté un volumineux portrait sur les difficultés au travail que vivent les groupes racisés au sein de notre fédération. Premièrement, ces groupes sont sous représentés dans le personnel enseignant de nos syndicats par rapport à leur représentation dans la population québécoise. Malgré une scolarisation supérieure aux personnes natives, ils connaissent des taux de chômage supérieur. La non-reconnaissance des diplômes acquis à l’étranger est l’un des premiers obstacles à l’embauche. Un deuxième constat relève une discrimination à l’embauche, non intentionnelle, qui découle des divers processus et des routines organisationnelles. D’ailleurs les programmes d’accès à l’égalité en emploi ne réussissent pas à modifier ces lacunes et peu d’institutions d’enseignement sont proactives pour le recrutement de personnes issues de groupes racisés. De plus, les statistiques en provenance de Statistiques Canada sont biaisées car elles analysent des données en emploi alors qu’il n’existe pas de données qui comptabiliseraient ceux et celles qui n‘ont pas obtenu l’emploi recherché ou qui furent exclues du processus d’embauche. Finalement, la solution d’instaurer la discrimination positive, expérimentée aux États-Unis, ne serait pas une solution souhaitable.
Conférence de Madame Rachida Azdouz
Pour demeurer sur le même sujet, Madame Azdouz a débuté sa conférence avec le cadre juridique de la diversité et la pluralité dans notre société. En exposant les difficultés avec le devoir d’accommodement et le régime pédagogique, elle a insisté sur les ‘’zones grises’’. Par exemple dans un cours en biologie qui aborde l’évolution, il faut faire la différence entre le savoir et le militantisme. Notre responsabilité pédagogique est la diffusion des savoirs ou des compétences et non de nos opinions. Cela étant dit, les institutions d’enseignement peuvent accueillir des militants de diverses causes, l’important est que cela soit clairement annoncé.
Dans le même contexte, la conférencière a abordé la question du droit à la dignité ce que confère l’article 4 de la Charte des droits et libertés de la personne. Elle a utilisé les cas où l’humour peut brimer ou heurter ces droits. En fait, il faudrait effectuer la distinction entre discriminer un groupe dans un contexte général et non de cibler un individu comme ce fut le cas dernièrement au Québec. Il faut faire aussi la différence entre un propos offensant et celui du sentiment de se sentir offensé, la complexité résiderait dans l’intention ou non du propos.
Dans le même ordre d’idées, deux documents furent présentés sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres. L’un est sous forme de lexique ou de glossaire alors que l’autre est un guide pour les établissements d’enseignement. Ces ouvrages sont disponibles sous le lien suivant : https://fneeq.qc.ca/fr/dossiers-lgbt/
Nouveau calcul de la cote R au collégial
Un groupe de travail nous a présenté les inconvénients du nouveau calcul de la cote R au collégial. Étant donné que plusieurs participants au Conseil fédéral proviennent du milieu collégial, de longs échanges et débats ont suivi la présentation. La nouvelle méthode préconise l’hypothèse du rendement constant c.-à-d. « que la variation des résultats entre les niveaux secondaire et collégial dépend davantage d’une inconstance dans la façon d’évaluer que d’une inconstance de sa propre performance ». Outre le fait de rejeter, en partie, l’opprobre sur les enseignants, ceux-ci subissent beaucoup de pression de leurs étudiants qui s’interrogent sur le fonctionnement et les impacts de ce nouveau mode de calcul. Sans vouloir se perdre dans les détails, il est fort intéressant de savoir qu’avec cette méthode de calcul, un étudiant pourrait obtenir 100 % dans tous ces cours au collégial mais ne pas obtenir le maximum de la cote R s’il provient d’un groupe faible. Pour notre part, bien qu’il y ait une corrélation entre la réussite à l’université et la cote R, cette réussite universitaire serait uniquement corollaire avec des cotes extrêmes (ex. 20 versus 35 de cote R).
Partenariat privé
Un autre sujet souvent très controversé fut abordé avec la place du partenariat privé dans nos institutions. Plusieurs exemples furent démontrés de l’ingérence lente et parfois pernicieuse de la place du privé dans le monde de l’éducation supérieur (commandites, fondation, nom de pavillon ou de salle, formation sur mesure, perfectionnement en entreprise, stages, etc.). Mais la question que nous pouvons nous poser est : en plus de la dénonciation, comment utiliser notre capacité d’action pour contrer et réduire l’incursion du privé dans les différentes sphères de l’éducation?
La fin des ÉGES
Lors de ce conseil, nous avons aussi appris que la FNEEQ ne s’impliquerait plus dans la préparation des État généraux de l’enseignement supérieur (ÉGES). Une baisse d’intérêt des autres participants à ces ÉGES est la principale raison de ce retrait qui signifie aussi la fin des ÉGES. La FNEEQ se réoriente vers la Tables des partenaires universitaires (TPU) pour continuer à promouvoir et défendre nos intérêts en enseignement supérieur.
Guy Dorval
Vice-président aux relations intersyndicales