Un débat à poursuivre sur la liberté académique

L’Université Laval a adopté un énoncé clair sur la liberté d’expression et devra maintenant se pencher sur l’épineuse question de la liberté académique, au cœur du fonctionnement des universités.

De fait, pour reprendre l’introduction du mémoire que le SCCCUL a rédigé et que nous vous invitons à lire aujourd’hui en publiant ce numéro spécial, « l’actualité des derniers mois n’a pas manqué de nous ébranler comme membres du personnel enseignant universitaire compétent, mais précaire, avec des controverses nous déstabilisant jusque dans l’exercice de nos choix d’enseignement faits en classe ».

Or, dans le cadre d’une réflexion spécifique sur ce sujet, nos membres ont fait ressortir que la menace à notre liberté académique dépasse les controverses survenues ailleurs, car elle se vit au quotidien, dans une instabilité qui ébranle notre autonomie pédagogique et intellectuelle. Ainsi, ils et elles ont fait part de quatre réalités liées à nos conditions de travail précaires qui sont susceptibles de fragiliser considérablement la jouissance d’une pleine liberté académique :

  • Les nouvelles formes d’enseignement (ex. approche par compétences, co-enseignement), qui réduisent les marges de manœuvre des enseignants universitaires sur le plan académique;
  • L’obligation de devoir travailler sous la responsabilité de professeurs responsables qui peuvent, dans certains cas, porter atteinte ou critiquer nos choix faits pour la matière à enseigner ;
  • Le problème des attributions tardives, qui occasionnent un trop court délai entre l’attribution du cours et le début de la session, ce qui ampute les potentialités et les possibilités pédagogiques ;
  • Le manque de reconnaissance de notre travail, voire de notre statut, parfois au sein même de l’université, font que certaines personnes ne se sentent souvent ni valorisées ni protégées par l’institution qui les emploie. Dans cette perspective, il faut alors éviter à tout prix les problèmes avec les étudiantes et étudiants, au risque d’être écartés des attributions futures.

Pour conclure, rappelons que l’université est un lieu de débats, de remises en question, de confrontation des idées et qu’elle doit le rester. De fait, si les dialogues et débats entre des groupes et des personnes sur des idées, des notions et des visions du monde ne sont ni nouveaux ni inusités en enseignement supérieur, il est urgent de réaffirmer que ces échanges doivent se faire de manière respectueuse pour tous et pour toutes.

Bonne lecture !

Christine Gauthier,
Présidente

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