« Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin » ou le sens d’une institution

Avant la pause estivale, je me suis dit que j’allais vous laisser sur un sujet léger : qu’est-ce qu’une institution? Sans vouloir entrer dans des débats pointus entre sociologues, anthropologues et historiens, nous pouvons tout de même nous entendre sur un certain nombre de choses. Une institution est une organisation de personnes qui œuvre à l’accomplissement d’une mission. Cette mission, à l’instar de l’enseignement supérieur, est généralement conçue comme bénéfique pour l’ensemble de la société, comme favorisant son maintien et son développement. C’est donc une mission sociale qui dépasse les individus, à la fois dans la portée de l’action et dans le temps. Les institutions, comme l’école, la justice ou l’État, existent avant nous et continueront d’exister après nous. Comme l’Université Laval, qui a un brin plus de 170 ans.

Dès sa fondation, l’Université Laval s’est inscrite dans la longue durée, comme un prolongement canadien des universités européennes. Rappelons pour le plaisir de le savoir que les quatre premières facultés de l’Université Laval furent les mêmes que les quatre premières facultés de l’Université de Bologne, fondée en 1088 :  médecine, droit, arts et, comment pourrait-on l’oublier, théologie. Notre université a aussi choisi de se construire autour de la collégialité, c’est-à-dire de la participation active de l’ensemble des membres de la communauté, autant les employés que les étudiants, dans sa gestion et dans la détermination de ses objectifs avec la conscience de respecter la mission de l’institution. En d’autres mots, la collégialité universitaire exige que les collègues comprennent qu’ils appartiennent à l’institution plus que l’institution ne leur appartient, qu’ils remplissent une fonction qui existait déjà avant qu’ils ne l’occupent et qu’elle existera après. En effet, nous disons bien « la directrice du département » et non pas « le département du directeur ».

Quand on oublie que, dans une institution, nos actions n’ont de sens que dans la mesure où elles sont synchronisées avec celles des autres pour accomplir une mission que personne ne peut accomplir seul, on a un problème. Bien sûr, certaines fonctions sont plus importantes que d’autres. Pour une université, c’est l’enseignement et la recherche. Mais pour que l’institution fonctionne bien, il faut une structure, des règles et des gens pour s’en occuper. Et plus l’institution grandit et se développe, plus nombreuses sont les règles et plus complexe est la structure afin de bien coordonner les actions de chacun dans l’accomplissement de la mission.

Les changements rapides, sans consultation et sans information des collègues, sont ainsi les ennemis de l’institution. Comme communauté universitaire, nous déléguons tous, à des collègues, le soin de remplir certaines fonctions de directions. Mais ces collègues ne doivent jamais oublier qu’ils remplissent une fonction qui les dépasse, qu’ils doivent respecter les règles et les usages propres à notre institution. Ne pas le faire menace l’intégrité de notre institution, de notre université, et va à l’encontre du mandat de veiller à son intérêt.

Bien sûr, c’est plus lent et c’est plus difficile à gérer qu’un dépanneur. C’est moins « agile » pour reprendre le jargon gestionnaire. Mais à la fin, on commet moins d’erreurs et notre université est là, encore debout et forte, après plus de 170 ans. On ne peut pas en dire autant de l’écrasante majorité des entreprises, privées ou publiques, qui sont nées durant cette même période et qui n’étaient pas des institutions, comme l’est l’Université Laval.

Seul, on va plus vite.

Ensemble, on va plus loin.

Louis Émond
Président

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