Discussion récente sur l’avenir de l’université – 15 mars 2018

Le 15 mars dernier, vingt-quatre chargées et chargés de cours ont participé à une rencontre de discussion sur l’avenir de notre université. La rencontre a débuté avec une présentation de Christine Gauthier sur « l’université 4.0 », caractérisée par l’omniprésence des technologies numériques dans les sphères de l’enseignement (intelligence artificielle, données massives, automatisation, réactions en temps réel). Cela pourra se traduire notamment par des changements dans l’organisation du travail, dans le type de formations offertes ainsi que dans la relation entre les enseignants et leurs étudiants. À ceci s’ajoute le risque croissant d’une marchandisation de l’enseignement axée sur une approche « client » et des programmes destinés principalement à satisfaire le marché du travail, au détriment de matières plus fondamentales.

Poursuivant dans le même ordre d’idées, Guy Dorval a abordé le projet gouvernemental de E-Campus, qui se présente comme un guichet unique destiné à faire la promotion de l’offre de cours à distance dans les universités québécoises. Doté d’un budget d’une centaine de millions, on peut penser que ce projet ira bien plus loin. Des questions se posent à cet égard sur une éventuelle uniformisation de l’offre de cours au Québec, qui se ferait au détriment de l’autonomie institutionnelle de chaque université, l’objectif d’économiser de l’argent primant sur la diversité de l’enseignement offert. Guy Dorval a également dressé un court portrait de l’enseignement à distance à l’Université Laval depuis les cours par correspondance ou télévisés jusqu’à l’environnement numérique d’apprentissage et son portail des cours. Il a présenté les principaux points forts de ce mode d’enseignement (souplesse d’horaire, moins de déplacements, variété des contenus, apprentissage au rythme de l’étudiant) ainsi que les inconvénients (réduction du rôle de l’enseignant, gestion de grands groupes, interactions plus impersonnelles, diminution du sentiment d’appartenance si trop de cours à distance).

Puis une période d’échanges fort intéressante a débuté pendant laquelle les personnes présentes ont pu faire part de leur expérience et de leurs inquiétudes, notamment face à la déshumanisation de l’enseignement. Plusieurs avaient effectivement une expérience de l’enseignement à distance. Un des points majeurs que les participants ont partagés demeure la charge de travail considérable pour préparer un court à distance, incluant aussi le temps pour en assurer la gestion avec les nombreux courriels et échanges dans les forums. Cette charge de travail découle en majeure partie de l’augmentation de la taille des groupes, de plus en plus imposants dans ce mode d’enseignement. Un soutien (pédagogique, technique, financier, etc.) accru serait donc nécessaire, tant pour la conception des cours que pour la gestion des grands groupes. De plus, bien que certaines expériences énoncées puissent être fructueuses sur le plan des relations humaines en utilisant des approches pédagogiques innovantes, la majorité des personnes réunies pensent qu’un cours à distance ne peut permettre d’obtenir la même richesse dans les échanges et les relations entre enseignant et étudiants qu’un cours en présentiel.

Pour conclure, les échanges ont permis de dégager des craintes par rapport à « l’université 4.0 », à la formation à distance et au plan stratégique de l’université, qui suggère une augmentation du numérique dans l’enseignement. Les chargées et chargés de cours craignent une diminution de leur rôle d’enseignant et une baisse de la qualité de l’enseignement en général. Ils ne veulent pas devenir de simples gestionnaires de plateformes éducatives.

 

Guy Dorval, vice-président aux relations intersyndicales
Nicolas Saucier, secrétaire général

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