Pourquoi l’explosion de la taille des groupes est une très mauvaise idée

Plusieurs informations laissent présager des jours sombres pour la qualité de la formation universitaire en temps de pandémie : la taille des groupes pourrait augmenter et des sections de cours pourraient être fusionnées. Ce choix purement administratif de très grands groupes et de classes virtuelles bondées étonne, puisqu’il ne servira ni les étudiants, ni les enseignants.

Ce qui est le plus surprenant, c’est que l’on puisse faire exploser les ratios de la taille des groupes, pourtant balisés par les programmes. Par exemple, des cours dont l’inscription est normalement contingentée à 60 étudiants pourraient, cet automne, bondir à plus de 150 étudiants. Comme si, en raison de la pandémie et des impacts budgétaires anticipés, toutes les considérations pédagogiques, de la diversité des activités de formation à la qualité de l’encadrement des étudiantes et des étudiants, ne faisaient plus partie de l’équation.

Le contact qu’un enseignant développe avec ses étudiantes et étudiants est primordial pour leur permettre de développer leurs aptitudes, leurs compétences et leurs connaissances. Je dirais même qu’il est encore plus précieux et indispensable dans le contexte de l’enseignement à distance, alors que les étudiants doivent pouvoir compter sur un accompagnement soutenu et une réelle relation pédagogique dans un cadre non présentiel. C’est pourquoi, sans doute, le nombre d’interactions individualisées et de contacts par courriel et par vidéo est souvent décuplé dans ce type de cours. Dans le contexte actuel, où de nombreux étudiants voient tous leurs cours se donner en mode non présentiel, il devient prioritaire de préserver la capacité des enseignantes et enseignants à établir de solides relations pédagogiques avec leurs étudiantes et étudiants. Pour ce faire, le nombre d’étudiants inscrits dans un groupe prend toute son importance.

Si, jusqu’à maintenant, l’Université Laval a pu jouir d’une réputation d’excellence sur le plan de la formation à distance, elle pourrait la perdre à vouloir trop compresser son offre de cours et à surcharger les groupes-classe pour faire des économies au détriment de la qualité de l’enseignement. L’Université a tout intérêt à offrir des conditions d’enseignement soutenables à ses enseignantes et enseignants et ainsi éviter un abandon massif des étudiantes et étudiants, insatisfaits de la formation reçue ou d’un encadrement assumé par des ressources auxiliaires moins expérimentées sur le plan pédagogique.

Christine Gauthier
Présidente

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