Bien assis sur ses surplus!
Il nous faut arriver à une conclusion : notre employeur ne s’est pas donné le mandat d’améliorer nos conditions de travail.
Au contraire, il nie la réalité et refuse de reconnaître que notre travail a changé, qu’il est devenu plus exigeant, et que l’inflation a eu une influence sur notre pouvoir d’achat. Notre employeur refuse de reconnaître que notre tâche s’est alourdie, que la composition de la classe n’est pas seulement un enjeu d’école primaire et secondaire, mais aussi un enjeu d’enseignement supérieur. Enseigner un cours aujourd’hui n’est pas la même chose qu’il y a 20 ans (sans parler de la taille des groupes). Et non seulement nous travaillons plus qu’avant, mais notre salaire n’a pas suivi l’inflation. Nous sommes donc doublement pénalisés.
Ajoutant l’aveuglement à l’ignorance volontaire, notre employeur ne semble pas non plus se rendre compte qu’il dégage, année après année, un important excédent des revenus (sur ses charges de fonctionnement), ni que sans le travail des personnes chargées de cours, cet excédant non seulement n’existerait pas, mais l’Université Laval serait franchement dans le rouge.
Entre les grands discours où la haute administration vante notre travail, souligne notre importance et notre compétence, et l’attitude du comité de négociation patronal, il est très difficile de trouver une quelconque cohérence. Le seul moyen serait de comprendre les bons mots de la haute administration comme voulant dire qu’on nous remercie d’être pas chers et jetables.
Devant cet entêtement de la partie patronale, il nous faudra sans doute prendre les moyens que nous avons pour lui permettre de se donner un mandat de régler. L’employeur a un choix devant lui : est-ce qu’il préfère ne pas payer ou ne pas perdre d’argent? Ne pas payer les personnes chargées de cours, qui se chargent de la moitié de l’enseignement, ou ne pas perdre d’argent en financement de l’enseignement? Peut-être l’ignore-t-il volontairement, mais une grève des personnes chargées de cours lui ferait perdre beaucoup plus d’argent qu’il n’en économiserait en salaire. Nous, nous le savons.
Et nous savons tous que notre employeur a les moyens de significativement améliorer nos conditions de travail et qu’il choisit, pour l’instant, de ne pas le faire. Ses priorités semblent s’éloigner de l’enseignement, car ne l’oublions pas, nos conditions de travail, comme personne chargée de cours, sont les conditions d’apprentissage de nos étudiantes et étudiants.
Notre employeur a plutôt choisi de bien s’asseoir sur ses surplus, en les accumulant dans des fonds « dédiés », et de ne pas en faire profiter l’enseignement. Est-ce que c’est vraiment ça « Agir ensemble pour plus d’impact »?
Louis Émond
Président