Partout au Québec, du primaire à l’université, de nombreuses enseignantes et enseignants qui étaient en classe à l’hiver ont assuré leurs prestations d’enseignement, malgré le contexte de pandémie et la fermeture physique des établissements.
Pour la majorité d’entre nous, cette réorganisation majeure du travail d’enseignement vers un mode non présentiel ne s’est pas fait sans heurts, sans un investissement additionnel d’effort, voire sans maux de tête. Il est certain que cette réorganisation a exigé de nombreux aménagements au plan de match initial pour « repenser » l’enseignement et l’évaluation des apprentissages, tout comme elle a forcé le développement, de toute urgence, de nouvelles habiletés numériques de la part du corps enseignant ainsi que des étudiantes et étudiants.
S’il est possible de très bien enseigner à distance – plusieurs chargées et chargés de cours de l’Université Laval le font depuis des dizaines d’années avec brio – il faut généralement du temps pour réfléchir à l’organisation du cours : structurer le contenu, choisir les modalités technopédagogiques d’enseignement, développer et produire le matériel pédagogique, créer les évaluations d’apprentissage. En convenant que la qualité et l’excellence des cours à distance sont des valeurs importantes, tant pour les enseignantes et enseignants que pour l’Université, la question se pose alors du temps qui doit être consacré pour transformer un cours présentiel dans un format à distance et, par ricochet, de l’ampleur du travail et des tâches à réaliser en amont de la prestation d’enseignement.
Cette question est particulièrement importante pour les enseignantes et enseignants contractuels, dont la rémunération est directement corrélée au travail demandé. Elle est aux fondements même de ce type de contrat à durée déterminée. Au prix d’une contractualisation qui rend fragile leur lien d’emploi, leurs revenus et leur engagement dans l’université, le corps enseignant non permanent « accepte » de remplir un mandat précis, en échange d’une rémunération conséquente. Les termes de ce contrat permettent d’éviter toutes ambiguïtés ou mésententes, d’où l’importance d’identifier clairement les balises quant à la durée et au nombre d’heures du contrat, ainsi qu’en ce qui concerne la prestation de travail attendue. Il serait farfelu de demander à une personne chargée de cours sans contrat de développer gratuitement du matériel pédagogique, tout comme il serait inacceptable de lui imposer une double tâche : celle de créer ET d’enseigner un cours à distance tout en étant rémunéré au taux du forfait établi pour un cours en présentiel. Qui donc accepterait de travailler sans être rémunéré pour le travail fait?
Cette semaine, l’Université nous a envoyé un message clair sur ses attentes en matière de qualité d’enseignement pour la session d’automne : « je vous sais à pied d’œuvre pour apporter les adaptations nécessaires à vos cours de la session d’automne en vue de permettre une expérience d’études de haute qualité dans le contexte d’une rentrée COVID-19. La tâche est d’envergure! ». Nous répondrons à l’appel sans hésitation, mais à des conditions qui doivent être rapidement discutées entre les parties.
Christine Gauthier
Présidente