Le défi de la reconnaissance du personnel contractuel

La nouvelle équipe de direction a entrepris une large consultation en vue de la préparation d’un plan stratégique qui engagera les membres de la communauté universitaire pendant cinq ans. L’exercice est bien mené et les thèmes soulevés permettent des échanges fructueux et nécessaires.

L’excellence, comme valeur institutionnelle, est centrale dans le discours actuel. S’il est difficile d’être contre la poursuite d’un tel idéal, un défi de taille consiste cependant à concilier cette quête de l’excellence – qui, dans le système économique néolibéral, se comptabilise en dollars de subvention de recherche, en nombre d’articles publiés et en pourcentage d’étudiants recrutés et diplômés – avec celle de favoriser une saine qualité de vie au travail et la reconnaissance de toutes les contributions professionnelles à l’Université Laval.

La rectrice Sophie d’Amours a fait valoir, pendant la campagne au rectorat, l’importance de mettre l’humain au centre de l’université. Nous sommes tout-à-fait d’accord avec elle. Mais il y a du travail à faire à ce chapitre pour les chargées et chargés de cours contractuels, encore trop souvent perçus comme du personnel périphérique malgré leur contribution importante à la mission universitaire.

Pour travailler dans ce sens, voici quelques propositions :

  1. Favoriser l’écoute et la parole. Les enseignantes et enseignants contractuels ont des choses à dire sur leur travail et ils/elles veulent contribuer aux décisions qui les concernent. Tous les efforts visant à soutenir la collégialité et la participation démocratique – par exemple lors d’un changement de programme – sont importants.
  2. Soutenir la coopération. La valorisation des collectifs de travail et des lieux d’échange est propice au développement de l’excellence et au maintien de la santé au travail. Alors que les enseignants non permanents sont confrontés à l’isolement, le fait de favoriser les comités de soutien entre professionnels de même que d’encourager la participation plus grande des chargées et chargés de cours à la vie départementale seraient plus que souhaitables.
  3. Soutenir le développement des carrières. Même lorsqu’on est contractuel, on souhaite pouvoir se projeter dans l’avenir et construire des projets. Plusieurs personnes compétentes et dévouées espèrent toujours développer leur carrière au sein de notre université, mais les règles actuelles et le clivage implicite des professions rendent difficiles la mobilité. Prévoir des fonds alloués à la formation des personnes en transition ou qui n’ont pas de contrat, ou encore reconnaître les volets de recherche ou de recherche-création pour les chargées et chargés de cours constituent certainement des solutions pertinentes et envisageables.
  4. Assurer la visibilité des initiatives du milieu. Dans les universités de l’excellence, on observe la fâcheuse habitude de ne rendre visible que les grands coups : les subventions importantes, les palmarès, les prix internationaux… Pourtant, la qualité et la valeur de notre institution tiennent aussi à la qualité du milieu de vie et à la diversité des personnes et des groupes professionnels qui y travaillent. En ce sens, il est urgent de valoriser toutes les initiatives des travailleuses et des travailleurs qui, au quotidien, contribuent à faire de notre environnement de travail un milieu de vie inspirant pour les étudiantes et étudiants.
  5. Reconnaître notre travail et notre place au sein de l’université. Notre grande université regroupe une multitude de talents et d’expertises professionnelles parmi les chargées et chargés de cours. Il importe de mieux valoriser leur apport au sein de notre université. Le fait de ne pas reconnaître concrètement notre statut de personnel enseignant sur la nouvelle carte d’identité va à l’encontre de cette reconnaissance attendue : ne pas être nommé, c’est être ignoré.

Alors que près de 40% des cours au premier cycle et 10% des cours au 2e et 3e cycles sont donnés par des enseignantes et enseignants contractuels, il est plus que temps d’accorder une véritable reconnaissance de notre contribution à l’excellence de la formation universitaire.

Christine Gauthier
Présidente

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