Ça fait très (trop) longtemps que de nombreuses voix dénoncent le sous-financement des universités. Que le gouvernement a failli à son devoir de subventionner adéquatement ces institutions d’enseignement supérieur, des institutions dont la pertinence sociale n’est certainement pas à démontrer à l’ère de la Covid-19.
Les membres de la Table des partenaires universitaires : une résistance au néolibéralisme dans l’enseignement supérieur, de laquelle fait partie la FNEEQ-CSN, ont d’ailleurs signé récemment un texte fort pertinent à ce sujet. Tous les jours depuis le début de cette pandémie, des travailleurs et travailleuses de la santé, des économistes, des gestionnaires, des membres du corps enseignant, des chercheurs, des statisticiennes – bref nos anciennes étudiantes et étudiants – nous rappellent l’importance centrale de l’enseignement et de la recherche universitaire dans la bonne marche de nos sociétés. Chaque année, au Québec, ces institutions forment et diplôment des dizaines de milliers de finissants dans plus de 150 disciplines. À l’Université Laval seulement, plus de 11 000 étudiantes et étudiants ont été diplômés en 2019.
Ce texte, intitulé pertinemment « Renforçons le réseau universitaire québécois », met le doigt sur tout ce qui ne fonctionne pas dans le système de financement actuel : trop grande concurrence entre les établissements universitaires, sommes indues allouées au marketing international pour attirer des étudiants étrangers à qui on transfère dorénavant une partie de plus en plus importante de la facture, financement variable selon le nombre d’étudiants considérés « équivalent à temps plein » ou EETP, précarité d’emploi croissante pour une partie importante du personnel d’enseignement et de recherche, etc.
Ce château de cartes financier est fragile et particulièrement mis à mal par la pandémie, en raison de laquelle les étudiants internationaux pourraient ne pas être au rendez-vous pour la prochaine année. Présentement, on se demande quels sont les engagements du gouvernement envers les universités? Comment va-t-il les soutenir afin que les acteurs et actrices du réseau universitaire puissent continuer à réaliser pleinement leur mission? Comment la bonne marche des universités sera-t-elle assurée ? Ces questions sont d’autant plus importantes qu’elles révèlent le degré alarmant d’incertitude qui frappe les universités comparativement aux autres écoles et établissements d’enseignement.
Il serait en effet très préjudiciable qu’en raison du sous-financement gouvernemental, exacerbé par la pandémie, que des compressions budgétaires dévastatrices soient appliquées par les directions des universités pour faire face au contexte actuel. Plus directement, que la qualité des programmes et la diversité de la formation « passent à la trappe ». Que les étudiantes et les étudiants se retrouvent dans des classes virtuelles surchargées et subissent les impacts néfastes du manque d’encadrement : bref, que la qualité de leur formation ne soit pas au rendez-vous. Que les enseignantes et enseignants contractuels soient confrontés à des conditions de travail et d’enseignement particulièrement difficiles, qui les empêchent de mener à bien, et à la hauteur de leur professionnalisme, la mission dans laquelle ils et elles se sont engagées : faire naître des étincelles dans le regard de leurs étudiantes et leurs étudiants !
Christine Gauthier
Présidente