Voilà maintenant cinq mois que les tuteurs et les tutrices de la TÉLUQ ont entrepris une grève générale illimitée. Et l’impasse perdure. Malgré le fait que les inscriptions des étudiants ont fondu d’environ 60% pour l’été, rien ne semble vouloir arrêter l’Université dans l’imposition de son nouveau modèle d’encadrement. Or, les tuteurs et tutrices semblent eux aussi plus déterminés que jamais à gagner leur lutte contre la TÉLUQ, qui a attaqué de plein front leur corps d’emploi et leur valeur dans l’enseignement universitaire à distance.
Voici trois raisons qui expliquent pourquoi les tuteurs et tutrices préfèrent continuer la lutte, dans l’état actuel des choses.
Premièrement, la TÉLUQ demande aux tuteurs et tutrices de négocier, pour une grande part d’entre eux, leur fin d’emploi, puisqu’elle cherche à réduire de plus de 60% les assignations de tâches qui leurs sont normalement dévolues. Avec près de 45 ans de services dans l’encadrement à distance des étudiantes et étudiants, cela est particulièrement choquant et les tuteurs refusent d’être laissés sur le bord de la route.
Deuxièmement, la TÉLUQ souhaite que les tuteurs et tutrices reconnaissent ce nouveau modèle d’encadrement proposé. Le gros hic, c’est qu’en plus de les exclure, ce modèle réduit potentiellement le nombre d’heures accordé à chaque étudiant, ce qui contrevient à la vision d’un encadrement de qualité, qui doit prévoir au moins trois heures par étudiant selon le Syndicat des tuteurs et tutrices (STTTU).
Troisièmement, la TÉLUQ a mis de l’huile sur le feu en lançant un appel d’offres pour remplacer les grévistes et ainsi tenter de saboter la grève des tuteurs et tutrices. De fait, l’Université a lancé un appel d’offres en juin pour trouver un sous-contractant qui embaucherait des correcteurs externes pour faire le travail des grévistes et corriger environ 8 000 épreuves (examens, travaux). Fait majeur à souligner, l’appel d’offres pourrait être remporté au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et même dans certains pays d’Europe, en vertu des accords économiques et conventions internationales signées par le gouvernement. En plus de la sous-traitance des évaluations, c’est la délocalisation du travail universitaire qui est mise en œuvre dans les nouvelles propositions de la TÉLUQ.
Au regard des actes posées par la TÉLUQ, il s’agit assurément de l’Université qui a poussé le plus loin la marchandisation de l’enseignement supérieur. Pas surprenant qu’elle trouve autant de résistance sur son chemin.
On ne peut que souligner l’incroyable ténacité du Syndicat des tuteurs et tutrices et de ses membres, qui peuvent compter sur le soutien et la solidarité du SCCCUL, des syndicats du Regroupement université, de la FNEEQ, des conseils centraux de Montréal et de Québec-Chaudière-Appalaches et de la CSN. Ce recours à des briseurs de grève, en plein conflit de travail, est particulièrement odieux, alors que les appels pour parvenir à une entente négociée se sont multipliés au cours des dernières semaines.
Nous souhaitons vivement un dénouement positif à ce conflit. Solidarité avec nos collègues tuteurs et tutrices, qui luttent avec conviction pour maintenir en encadrement de qualité dans la formation à distance.
Christine Gauthier
Présidente