Les États généraux de l’enseignement supérieur annoncés pour mai 2017 ne sont pas les premiers à avoir été organisés sur le sujet. Au Québec, les derniers États généraux remontent à 1995-1996 alors qu’une Commission des États généraux sur l’éducation avait été nommée par le gouvernement du Québec afin de faire le point sur les besoins en éducation. Ces États généraux eux-mêmes avaient fait suite à la Commission royale d’enquête sur l’éducation qui, dans les années 1960, avait donné lieu au Rapport Parent dont les recommandations avaient abouti au développement du système d’éducation au Québec.
Lire le rapport de 1995-1996 est instructif car il met en perspective les valeurs associées à la mission éducative des établissements d’enseignement ainsi que les moyens à considérer pour la soutenir. L’accent est mis ici sur la nécessité d’une formation continue, notamment par « l’acquisition d’une formation de base », par la transmission « de l’héritage culturel de l’humanité » à des fins de socialisation et par une préparation éclairée à « l’exercice de différents rôles sociaux (citoyens, parents, travailleurs) ». En ce qui concerne les universités spécifiquement, les commissaires ont des commentaires révélateurs sur le changement d’optique qui s’est produit depuis 1995 :
« les commissaires déplorent que la mission d’enseignement, en particulier au 1er cycle, ne reçoive pas toute l’attention qu’elle mériterait. Quant au volet recherche, ils s’inquiètent des risques de dérive vers la seule recherche commanditée et branchée sur les besoins de l’industrie. Ils craignent que ses résultats ne soient pas réinvestis dans la formation de la relève scientifique et que des pans entiers de l’activité humaine et sociale soient laissés dans l’ombre. Ils se demandent si certaines activités ne pourraient être menées ailleurs qu’à l’université ou si l’on devrait différencier les mandats des établissements » (1).
Ces problèmes soulevés dans les rapports de 1995-1996 rappellent étrangement certaines revendications actuelles du milieu de l’enseignement, et démontrent l’importance de considérer les enjeux actuels avec une distance critique afin de bien se préparer aux discussions à venir lors des prochains États généraux sur l’enseignement supérieur.
Pour lire l’Exposé de la situation, Faits saillants
Pour lire le texte intégral du rapport sur Les États généraux de l’éducation (1995-1996).
Anne Beauchemin
Vice-présidente aux communications
(1) Commission des États généraux sur l’éducation, «Exposé de la situation, Faits saillants », 1996.