Nous voici encore une fois avec de nouveaux titulaires à la tête d’une des missions les plus importantes de tout état démocratique: l’éducation et l’enseignement supérieur. Nous avons du même coup droit à une nouvelle structure, car après deux ministères sous l’égide d’un seul ministre (Yves Bolduc tout juste à la suite de l’élection du gouvernement libéral), puis d’un seul ministre chargé d’un seul ministère (François Blais), nous voici avec un seul ministère, mais deux ministres : monsieur Sébastien Proulx à l’Éducation et madame Hélène David à l’Enseignement supérieur ! Monsieur Proulx reste responsable du ministère de la Famille, alors que madame David a perdu la Science et la Recherche au profit (!) de la nouvelle ministre de l’Économie. Ça rappelle le temps des fusions et des défusions municipales, que de désorganisation !
Comment faire de l’éducation et de l’enseignement supérieur une véritable priorité nationale quand on joue ainsi à la chaise musicale ? Y a-t-il quelqu’un, quelqu’une dans ce gouvernement qui a une vision claire des défis éducationnels auxquels le Québec fait face et de la façon d’y répondre pour l’ensemble de la population ? Est-ce que l’éducation est une véritable préoccupation de notre gouvernement, ou est-ce que les diverses nominations faites à ce ministère ne sont qu’une façon de donner des récompenses politiques ? Il s’agit du deuxième plus gros ministère du gouvernement en termes de budget après tout !
Mais au-delà de ces inquiétudes fort légitimes, il y a aussi le fait que ces changements incessants compliquent énormément le travail de représentation politique que doit effectuer la FNEEQ. À chaque changement, c’est tout un nouvel appareil à connaître, à contacter, à informer. Les dossiers que nous portons ne peuvent avancer, faute de continuité au(x) ministère(s), et nous avons la désagréable impression de toujours devoir tout recommencer, sans qu’il y ait de suivi.
Le budget
Et ce n’est pas du côté du tout dernier budget que l’on peut trouver de l’espoir. Ce n’est plus, bien sûr, les compressions draconiennes des dernières années, mais, malgré ce qu’en disent les Libéraux, ce n’est pas le Klondike non plus ! Le budget 2016-2017 prévoit effectivement certains investissements en éducation, mais surtout au chapitre des infrastructures. Cette injection de ressources masque néanmoins des éléments gênants. Les coupures des dernières années ont été si importantes qu’on ne peut parler de réinvestissement massif ni de réinvestissement tout court. Par exemple, le gouvernement a annoncé des crédits de 1,8 milliard de dollars en 2016-2017 pour les cégeps sans préciser qu’il y a deux ans le budget alloué était de 1,77 milliard. La hausse sur deux ans est donc de moins de 1 % annuellement. Cela ne couvre même pas la hausse de coûts de système ! Et ce n’est pas mieux du côté des universités où les budgets ont baissé de 5 %, soit 700 millions de dollars, depuis 2012 alors que la population étudiante a grimpé de 10 %.
Mais surtout, nous l’avons dit, nous l’avons répété, les compressions ont eu de nombreux impacts négatifs sur l’ensemble des réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur, particulièrement pour les populations d’élèves et d’étudiants les plus vulnérables. Les dommages faits ne seront malheureusement pas tous réparables, car au-delà des colonnes de chiffres, il y a de vrais jeunes avec de vrais besoins et que l’État a floués dans leur droit à une éducation de qualité pour tous.
La lutte continue
On le voit, la fédération, ses syndicats et leurs membres ont toutes les raisons de poursuivre la lutte. Nous vous lançons donc une invitation à prendre part à un des plus grands rassemblements militants de la planète, lors du Forum social mondial (FSM) qui se tiendra pour la première fois à Montréal, en août prochain. Nous sommes pleinement impliqués dans l’organisation d’un « Espace Éducation », et nous espérons vous y voir nombreuses et nombreux. Vous en apprendrez plus en lisant les articles qui y sont consacrés dans ce présent numéro. Vous y trouverez aussi, comme à l’habitude, des nouvelles des trois regroupements et de certains comités. Comme toujours, la FNEEQ reste des plus actives.
Je termine en nous souhaitant à tous un bel été, et on se croisera sans doute dans les ateliers et les grandes conférences du FSM avant la rentrée !
Caroline Senneville,
Présidente,
FNEEQ-CSN
Source : http://www.fneeq.qc.ca/fr/accueil/publications/carnets/No-Carnets/Carnets-33/Edito.pdf