Lors du dernier Conseil fédéral de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ), trois animatrices en francisation ont présenté un portrait de leur corps d’emploi. Emma Drouhin (Cégep Marie-Victorin), Suzanna Martres et Andrée-Anne Venne (Cégep Saint-Laurent) ont aussi souligné les progrès réalisés pour l’amélioration de leurs conditions de travail et d’enseignement grâce à la création d’un Syndicat national du personnel de francisation avec l’appui de la FNEEQ et de la CSN.
Dans le contexte du 8 mars (Journée internationale des droit des femmes), il faut souligner que la grande majorité de ce corps d’emploi est féminin. Par conséquent, l’amélioration de leurs conditions de travail et d’enseignement comporte une dimension féministe.
Les animatrices et les animateurs en francisation font de l’enseignement, de l’animation et organisent des activités pour les nouveaux arrivants. Ces tâches sont réalisées dans des conditions souvent difficiles : moyens et budgets limités, manque de ressources et de formation, manque de reconnaissance de l’importance des animatrices et de leur travail. L’accompagnement des personnes allophones nouvellement arrivées en sol québécois dans l’apprentissage de la langue et dans la découverte de la société québécoise (rôle de « passeurs de culture ») est compliqué par le fait que ces personnes sont issues de parcours migratoires diversifiés et que leurs degrés de connaissance de la langue française varient. Alors que la francisation et l’intégration des personnes immigrantes fait l’objet d’un vif débat public au Québec, il est désolant de constater le manque de reconnaissance des personnes qui effectuent un accompagnement essentiel afin que les personnes nouvellement arrivées puissent découvrir leur société d’accueil ainsi qu’apprendre à communiquer et à participer à cette société.
Les piètres conditions de travail et la précarité (contrats de courte durée) sont responsables d’un roulement de personnel élevé qui n’aide pas à la professionnalisation de l’enseignement. C’est pourquoi des animatrices et des animateurs en francisation ont choisi de joindre la CSN et la FNEEQ afin d’obtenir la reconnaissance de leur profession et d’améliorer leurs conditions de travail. Le Syndicat national du personnel de francisation compte maintenant des membres dans cinq Cégeps et une première convention collective a été signée en décembre 2021. Cela a notamment permis aux animatrices et aux animateurs de faire reconnaitre leur expérience, d’être rémunéré.es pour la préparation des cours, pour le développement d’activités et pour les rencontres d’équipe. La convention collective couvre aussi la propriété intellectuelle, les vacances, les divers congés ainsi que les droits parentaux.
Les luttes de ce nouveau syndicat me rappellent en plusieurs points celles que les personnes chargées de cours ont dû mener depuis la création du SCCCUL pour obtenir de meilleures conditions de travail et d’enseignement. Alors que nous entamons un nouveau cycle de négociation, c’est aussi un rappel que l’action collective solidaire via notre syndicat est le meilleur moyen d’améliorer la reconnaissance de notre corps d’emploi.
Ce texte est un résumé de la présentation faite par trois animatrices en francisation dans le cadre du Conseil fédéral de la FNEEQ tenu à Québec les 7-8-9 décembre 2022. Il reprend aussi largement des passages de deux textes parus dans les Carnets de la FNEEQ de l’automne 2022, p. 4-5, intitulé Francisation, un syndicat national qui fait boule de neige.
Salutations,
Nicolas Saucier
Secrétaire général