Avez-vous déjà entendu ou utilisé l’expression passeur culturel ?
J’aimerais partager avec vous une réflexion qui me semble pertinente pour faire évoluer notre représentation de la place des cultures en salle de classe à tous les niveaux et dans toutes les disciplines.
Il s’agit d’une conférence à laquelle j’ai assisté lors de l’évènement Parlons culture et éducation qui a eu lieu le 28 novembre 2022 au Musée de la Civilisation. Plus particulièrement, j’aimerais attirer votre attention sur la symbolique d’une figure qui a été présentée durant cette conférence animée par Josée Beaudoin, conseillère pédagogique, et Marie-Ève Bibeau, enseignante de français. Toutes les deux travaillant pour la Commission scolaire de la Capitale.
De fait, c’est à l’école et à l’Université que la culture seconde vient enrichir la culture première des élèves. Le terme « passeur culturel » est souvent utilisé pour nous rappeler notre rôle privilégié en tant qu’enseignant.e dans l’appropriation par les élèves des savoirs scientifiques et des réalisations artistiques. C’est-à-dire, l’acquisition de la culture seconde à partir d’un langage scolaire et académique qui n’est pas présent dans la vie courante de la culture première.
Revenons à la figure présentée par mesdames Beaudoin et Bibeau car dans un lieu où la communauté étudiante provient de différentes cultures, comme c’est le cas de l’Université Laval, il me semble intéressant de penser à sa symbolique.
Comme nous pouvons voir sur la partie à gauche de la figure ci-dessus, le passeur culturel transmet la culture aux élèves tel un vase qui remplit un verre. Il s’agit d’une transmission culturelle.
Mais quelle est la place de la culture de l’élève ? Est-elle prise en compte ? Est-elle valorisée ?
Comme nous pouvons voir sur la partie à droite de la figure, il y a une évolution car on célèbre les deux cultures. Cette attitude est très différente, puisqu’au lieu d’une transmission culturelle, il y a plutôt un partage. La personne médiatrice d’éléments de culture tient compte de la culture de l’élève. L’image représente la célébration des cultures, comme dans une santé d’un 5 à 7.
Cette réflexion me fait penser à la notion d’interculturalité, axée sur l’échange et la compréhension réciproque des représentations de soi, de l’autre et du monde. C’est un dialogue ouvert cherchant le vivre ensemble. L’interculturalité se distingue donc de l’approche assimilationniste car cette dernière finit par négliger les repères culturels de l’autre au profit d’une seule culture au-dessus de toutes. L’interculturalité se distingue aussi du multiculturalisme car dans ce dernier, bien que l’on reconnaisse la pluralité de cultures, sans échange ni dialogue entre les cultures, le résultat est la ségrégation de chaque culture.
Autrement dit, dans une approche d’interculturalité, on s’intègre mutuellement, car il y a apprentissage et considération des deux côtés. Comme dans une santé d’un 5 à 7, on célèbre les richesses culturelles. Nous ne pouvons pas changer l’histoire et la culture de l’un et de l’autre, cependant, nous pouvons apprendre les uns des autres et ainsi avancer ensemble pour coconstruire un avenir plus juste pour tout le monde.
Avec la citation et les références ci-dessous, je vous souhaite une excellente session d’hiver 2023 et une belle célébration des cultures présentes dans les classes de notre Université.
« Nous autres, les humains, nous avons ce point commun : nous sommes tous différents! »*.
Marta Teixeira
Vice-présidente aux communications
* Le-Quellec, J-L. et Cantais, C. (2018). On n’est pas au centre du monde. Montreuil : La ville brûle.
Référence complémentaire :
Troadec, B. (2007). Psychologie culturelle. Le développement cognitif est-il culturel? Paris : Belin.