La cause des travailleuses du secteur public est une cause féministe, par Barbara Poirier

Le 24 février dernier, des représentantes et représentants des quatre fédérations du secteur public de la CSN étaient rassemblés devant l’Assemblée nationale pour marquer le début des travaux en prévision de la négociation 2023. Cette négociation, qui concerne 160 000 membres de notre centrale, aura des répercussions importantes pour les femmes du Québec, aussi bien comme travailleuses que comme citoyennes.

La pandémie que nous vivons depuis deux ans aura permis de démontrer à l’ensemble des Québécoises et des Québécois à quel point le travail du personnel des services publics est crucial. Ces personnes ont été là, à chaque instant, pour la population. Elles ont été les piliers qui ont permis à l’édifice social de rester debout, au détriment de leur propre santé, au détriment de leur vie. La démonstration de leur valeur n’est plus à faire.

Le travail de ces personnes a permis à la vie économique de se poursuivre vaille que vaille et ont porté le Québec sur leurs épaules. Effectivement, ces personnes en ont pris soin, et ce, dans toutes les sphères des services publics. Elles ont pris soin des 0 à 100 ans, avec dévouement, efficacité. Sans des réseaux publics solides, ce sont des centaines de milliers de citoyens et citoyennes que l’on risque d’échapper, des gens à la santé fragile aux élèves en difficulté, en passant par toutes celles et ceux qui ont besoin de soutien et de services (souvent des femmes d’ailleurs). On parle de millions de personnes ici, de la grande majorité de la population.

Une majorité de travailleuses

On le sait, les travailleuses et travailleurs du secteur public sont à 75 % des travailleuses. Cette forte proportion de femmes dans le secteur public s’explique notamment par la persistance d’une forte ségrégation du marché du travail. En 2010, 57 % de toutes les travailleuses se retrouvaient dans des emplois à prédominance féminine (comptant au moins 60 % de femmes). Plusieurs de ces emplois sont dans ce que l’on nomme de plus en plus le care, prendre soin, aussi bien dire… dans le secteur public.

La persistance d’un écart salarial défavorable entre le secteur public québécois et les autres secteurs, qui était de 13,2 % en 2020, prend une couleur particulière dans ce contexte d’une forte majorité de travailleuses. Forcément, le résultat des négociations de quelque 375 000 travailleuses aura un impact sur les inégalités hommes / femmes dans la province. L’an dernier, ces inégalités s’étaient encore creusées, les augmentations de salaire des hommes étant globalement plus élevées que celles des femmes (2,7 % vs 1,5 %).

Après deux ans de pandémie, les travailleuses des services publics s’attendent à une réelle reconnaissance de la part du gouvernement. Après avoir louangé leur dévouement au fil de différentes vagues de la pandémie, ce dernier devra faire la démonstration que la seule reconnaissance de leur travail, essentiel au bon fonctionnement de notre société, passe par une rémunération intéressante et des conditions de travail satisfaisantes.

Comme les travailleuses du secteur public sont le principal bloc de travailleuses syndiquées, leurs négociations ont un impact déterminant pour toutes les travailleuses du Québec. C’est une grande responsabilité, mais également une grande fierté, pour la CSN qui est l’organisation syndicale la plus représentative du secteur public.

 

Barbara Poirier, présidente
Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)

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