Que reste-t-il de l’université populaire ?
L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a été fondée en 1969 et avait comme mission d’être « permanente et populaire, ouverte au milieu, moderne et prospective, critique et créative ainsi qu’assurée d’une vocation entière, inter-disciplinaire, participante et souple dans ses structures. » L’esprit de la Révolution tranquille, omniprésent à l’époque, voulait une nouvelle université « fonctionnelle », « démocratique » et « participante » (Vidricaire, dir., 1977 : 45-46). Que reste-t-il de ce beau rêve ?
Quand on s’y attarde un peu, les exemples sont nombreux pour démontrer les défaillances de la « gouvernance » uqamienne. Le Syndicat des professeurs de l’UQAM (SPUQ) est né d’un désir de contrer la centralisation administrative en 1971, on peut aussi penser au délire catastrophique de l’Îlot voyageur au milieu des années 2000, à l’exclusion de membres étudiants du Conseil d’administration ou à la pitoyable gestion des grèves étudiantes, tant en 2012 qu’en 2015. Dans tous les cas, l’administration, même si les personnes en poste ont changé, trouve toujours des excuses ou blâme un tiers.
Dans le cas récent du blocage incompréhensible du transfert des assurances collectives des personnes chargées de cours vers un autre assureur, l’autoritarisme et la fermeture d’esprit de l’administration dépassent l’entendement. D’abord parce que ce transfert ne coute rien à l’UQAM. Il se fait à cout nul pour l’université, mais représente un gain réel pour les salariés. Mais le plus indécent est sans doute la manière de faire de l’administration. En effet, ce dossier est porté par des syndicats de personnes chargées de cours depuis au moins 10 ans et négocié avec les administrations des universités du réseau du l’Université du Québec (UQ) depuis 3 ans. Tous les syndicats étaient d’accord et avaient consulté leurs instances. Les directions universitaires du réseau étaient, elles aussi, d’accord.
À 48 heures de la signature d’une lettre d’entente qui allait, enfin, permettre le transfert et régler des insatisfactions profondes qui touchent très concrètement près de 3000 chargées et chargés de cours, la direction de l’UQAM fait volteface sans justification digne de ce nom. Comment peut-on encore parler de collégialité, de relations de travail, de respect, de bonne foi ?
Les directions universitaires se réclament souvent des « meilleures pratiques », concept valise tout aussi flou que celui d’« agilité », sans cesse invoqué par les organisations qui font la promotion de la « nouvelle gouvernance ». Si empêcher, sans raison, 3000 personnes d’avoir une meilleure couverture d’assurance fait partie des « meilleures pratiques », on n’ose pas imaginer les pires…
Le SCCCUL souhaite ici offrir toute sa solidarité au SPPEUQAM, mais aussi dénoncer l’attitude de l’administration uqamienne. Nous constatons une autre dérive managériale, étrangère aux fonctionnements de la vie universitaire, des gestes inacceptables rendus possibles, entre autres, par la constante et croissante centralisation des pouvoirs. Solidarité !
Sylvain Marois
Vice-président aux relations intersyndicales