Avis du Conseil supérieur de l’éducation : quel avenir pour l’enseignement supérieur ?

Les enjeux relatifs à l’enseignement supérieur sont plutôt absents du débat politique. En fait, on va se le dire franchement, le gouvernement actuel semble parfois complètement déconnecté de la réalité des universités. Le récent dossier du Programme d’expérience québécoise en est un exemple flagrant, où on est venu discréditer l’apport des étudiants universitaires internationaux à la vitalité sociale et économique du Québec, tout en écorchant au passage plusieurs disciplines enseignées dans nos universités et absentes de la liste des programmes admissibles – tels que les anthropologues, économistes, politologues, psychologues, sociologues, travailleurs sociaux – comme en fait part la position du doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval à ce sujet.

Les recteurs et rectrices savent bien que l’avenir de l’enseignement supérieur n’est pas dans le radar du gouvernement. Le 3 décembre dernier, ils et elles ont publié un texte intitulé « L’avenir du Québec et les universités », qui « auto valorise » le rôle de ces établissements d’enseignement universitaire dans le développement du Québec, des établissements « qui ont besoin d’un financement adéquat pour jouer pleinement leur rôle ».

Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) vient par ailleurs de publier son tout dernier avis au ministre, intitulé « Les réussites, les enjeux et les défis en matière de formation universitaire au Québec »[1]. Voilà une occasion en or pour le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur de prendre du leadership dans ce dossier et de répondre à plusieurs de ces 18 recommandations formulées par un collectif d’acteurs du monde universitaire et de l’éducation.

Parmi les recommandations, soulignons la position claire du CSE sur la nécessité de préserver les différents domaines de connaissances de toutes les sciences (humanité, arts, sciences fondamentales) et d’en assurer la vitalité financière, ou encore de mettre de l’avant la finalité sociale et collective des études universitaires (ou, dit autrement, d’affirmer que l’Université n’a pas pour seule ambition de former des acteurs économiques prêts à l’emploi).

Mais, malgré ses nombreux bons coups, cet avis au ministre fait toutefois l’impasse sur le problème de la précarité dans l’enseignement supérieur, notamment avec la montée de l’interdisciplinarité qui fragilise nos contrats et complexifie notre accès à l’emploi. Comme le soulignait le professeur Glen Jones dans un article du magazine Affaires universitaires, nous sommes en droit de nous questionner sur l’avenir des universités non seulement au Québec et au Canada : « un fossé se creuse entre titulaires indépendants de postes bien rémunérés menant à la permanence, et contractuels ou chargés de cours aux postes précaires. Cette situation soulève diverses questions concernant la gouvernance universitaire, l’expérience étudiante et notre perception du milieu universitaire, où de plus en plus d’enseignants clés au premier cycle n’ont pas l’impression de faire partie de l’établissement qui les emploie ».

Christine Gauthier
Présidente

[1] Soulignons la contribution de Vincent Mauger, chargé de cours à l’école de Design et délégué syndical du SCCCUL, qui a contribué à ce comité.

← retour vers Info SCCCUL