Quel avenir pour la profession enseignante à l’ère des TIC?

Partout dans le monde, l’utilisation intensive des technologies de l’information et de la communication contribue à abolir les frontières géographiques de l’enseignement universitaire. Aux États-Unis, même les prestigieuses universités de Harvard, de Berkeley et du Massachusetts Institute of Technology (MIT) se sont associées pour « démocratiser » l’accès à l’université, ainsi que le suggère leur slogan : « pour qui veut, n’importe où, n’importe quand ». Rien de moins.

La formation à distance permet ainsi d’exporter et de marchandiser l’enseignement supérieur. Autrement dit, tous les aspirants-étudiants du monde entier peuvent devenir des « clients » potentiels à l’ère de l’université marchande. Dans un tel contexte, il s’avère peu étonnant que plusieurs universités québécoises – dont particulièrement l’Université Laval – emboitent le pas et s’engagent dans cette course visant à attirer la clientèle internationale, en plus de répondre aux besoins de flexibilité croissants des personnes. Clairement engagée dans cette voie du « toujours plus » de technologies, elle offre aujourd’hui plus de 900 cours en ligne et environ 90 programmes à distance. Et la tendance ne semble pas sur le point d’être renversée.

Ainsi, chaque session, l’enseignement virtuel gagne du terrain. Un enseignement où la relation humaine est indirecte, parfois sans visage, et qui transforme le cœur de notre profession. C’est pourtant dans cette relation à l’autre, aux autres, que nous pouvons transmettre et faire vivre nos passions, développer des liens qui nourriront les réflexions et l’innovation, épauler les étudiantes et étudiants qui doutent ou qui éprouvent des difficultés. Derrière les écrans, malgré des plates-formes qui tentent de reproduire l’univers d’une classe, plusieurs se sentent dépossédés des ressources habituellement mises au jeu dans l’acte d’enseigner – le regard, les gestes, les sens, l’expression. On ne peut nier que ces nouvelles conditions transforment le travail de l’enseignement.

S’il y a assurément des avantages à recourir aux TIC et à la formation à distance dans l’enseignement supérieur, il faudra cependant s’interroger sur les risques associés à cette « déshumanisation de l’enseignement » et sur l’équilibre nécessaire à trouver pour éviter que l’Université Laval ne devienne un campus fantôme. Ces questions importantes sur la transformation du rôle de l’enseignant universitaire et des conditions d’exercice du travail seront d’ailleurs débattues lors des prochains États généraux en enseignement supérieur, auxquels participeront des membres du corps enseignant de plusieurs organisations. C’est un rendez-vous les 18, 19 et 20 mai prochain sur le campus de l’Université Laval.

Christine Gauthier

Présidente

← retour vers Info SCCCUL