Les salaires des recteurs et rectrices ont fait les manchettes au cours des derniers jours alors que Lise Bissonnette, présidente du Conseil d’administration de l’Université du Québec à Montréal, a dénoncé la forte iniquité salariale entre les dirigeants des universités du réseau UQ comparativement aux recteurs et rectrices des universités à Charte. Comme tout le monde, ces personnes aimeraient bien voir leurs salaires être bonifiés même si ce salaire est déjà près de quatre fois supérieur au salaire canadien moyen.
Deux éléments apparaissent particulièrement saillants dans ce débat. Premièrement, on voit bien que quelque chose cloche avec nos institutions universitaires alors que certaines universités rémunèrent leurs dirigeants près d’un demi-million de dollars par année, sans compter les avantages sociaux et autres bénéfices liés à l’emploi. Loin de s’en inquiéter, en accordant une rémunération aussi importante à la gouvernance au fil des ans, certaines universités à charte ont clairement favorisé un mode de rémunération inspiré des pratiques du secteur privé.
Deuxièmement et étonnamment, là où les dirigeants gagnent le moins, les chargées et chargés de cours gagnent le plus. De fait, c’est dans le réseau public que les conditions salariales sont généralement les meilleures et où l’écart salarial est le plus faible entre les dirigeants et les enseignants qui réalisent la mission universitaire. Ce portrait plus équitable de la rémunération nous semble un exemple prometteur qui devrait inspirer les bonnes pratiques de gouvernance, au moment où la ministre Hélène David se penche sur la question de la rémunération des directions des universités.
Plus largement, c’est l’ensemble du débat sur les choix financiers des universités qu’il faut remettre à l’avant-plan. Des rénovations de bâtiments, aux dépenses énormes faites en marketing et en publicité pour recruter des étudiants à l’international, en passant par les dépenses croissantes liées aux technologies, on constate que de moins en moins de ressources financières sont allouées aux activités liées à l’enseignement. Dans sa note socio-économique intitulée « Transferts fédéraux et mal-financement universitaire » de décembre 2013, l’IRIS dresse un portrait à long terme de la situation. A-t-elle changé depuis? Il semble que non. En février 2017, les professeurs de l’Université de Sherbrooke dénonçaient l’augmentation constante du ratio professeur-étudiant, le manque de soutien pédagogique et la surcharge de travail que ceci occasionne. Le 17 janvier 2018, c’est au tour des professeurs de l’UQO de dénoncer l’investissement fait dans les immobilisations au détriment de l’enseignement et la recherche.
Ces choix financiers doivent être réévalués, en particulier à l’heure où, sous l’effet de l’envahissement des technologies dans l’enseignement supérieur, les enseignants doivent s’adapter à un rythme accéléré aux nouveaux moyens de communications et de formation à distance et apprendre à gérer des classes de plus en plus nombreuses. Si la révolution technologique appelle à une transformation de la relation enseignant-étudiant, cette relation demeure toutefois centrale dans la réussite des étudiants et des étudiantes et il faut reconnaître l’apport de ceux et celles qui sont au front de ces changements.
Christine Gauthier
Présidente