Compte-rendu de Hélène Zimmermann.
L’atelier « Visages de la précarité et de la contractualisation en enseignement et en recherche », animé par Bernard Gaucher, président de la Fédération du personnel professionnel des Universités et de la recherche (FPPU), réunissait 6 panélistes, incarnant diverses catégories de personnel (soutien, enseignement et recherche). Le secteur collégial était représenté par Johanne Cadieux, présidente du Secteur soutien cégeps de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) et Philip Lagogiannis, chargé de cours et membre du comité précarité, relève et vie syndicales de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ). Quant à lui, le secteur universitaire était représenté par Suncica Avlijas, étudiante au doctorat et présidente du Syndicat des auxiliaires d’enseignement à l’Université McGill (AGSEM-AÉÉDEM), Luc Caron, professionnel de recherche et président du Syndicat des professionnelles et professionnels de recherche de l’Université Laval (SPPRUL-CSQ), Anne Dionne, technicienne et membre de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ) ainsi que Sylvain Marois, chargé de cours à l’UL et vice-président de la FNEEQ-CSN.
Chaque panéliste a fait le point sur la réalité de son milieu, dans le contexte des compressions budgétaires et du développement de la contractualisation dans l’enseignement supérieur. Chacun a également proposé des pistes de solution. L’ensemble des interventions a fait ressortir que toutes les catégories de personnel, au-delà de leurs fonctions spécifiques, sont affectées par la précarité croissante : dégradation des conditions de travail, atteinte à la santé, manque de reconnaissance, inégalités hommes / femmes… Les interventions ont également souligné que la précarisation des conditions d’emploi compromet la qualité de l’enseignement et de la recherche. Concernant spécifiquement les chargés et chargées de cours, S. Marois, pour le niveau universitaire, et son homologue P. Lagogiannis pour le niveau collégial, ont aussi fait valoir le point suivant : si la diversité des situations au sein de notre corps d’emploi est réelle, il faut dépasser ce qui pourrait diviser les membres entre eux et favoriser la solidarité. C’est à cette condition qu’on peut contester un modèle de gestion qui, finalement, nous affecte tous, peu importe notre fonction et notre titre.
La solidarité et l’union, au-delà des revendications spécifiques, sont d’ailleurs ressorties des solutions proposées par les différents panélistes et ces mots d’ordre ont été appuyés par les échanges avec la salle. Si le Québec peut se targuer d’avoir un enseignement supérieur de qualité, c’est grâce à la contribution complémentaire des personnels de soutien, de recherche et d’enseignement. La convergence des enjeux et des difficultés auxquels sont confrontés les différents corps d’emploi devrait favoriser cette solidarité. Cependant, les échanges ont aussi fait émerger un défi important : l’accès à des informations et à des chiffres fiables et clairs sur les budgets des institutions d’enseignement supérieur (établissements, départements, etc.). État des ressources financières, ventilation des dépenses, choix politiques… : ces informations constituent une base indispensable pour formuler nos revendications et proposer un autre modèle de gestion qui replace la qualité et l’accessibilité de l’enseignement supérieur au cœur des priorités.
Hélène Zimmermann
Chargée de cours et professionnelle de recherche,
Faculté des sciences de l’éducation et Faculté de droit, Université Laval.