Compte-rendu de Brigitte Roberge.
Quelles sont les conditions actuelles de la recherche en enseignement supérieur? Y valorise-t-on suffisamment toutes les disciplines et assure-t-on un financement adéquat de cette recherche? Ce sont les grandes questions qui ont été en partie abordées dans l’atelier Améliorer les conditions de réalisation de la recherche pour tous les champs disciplinaires dans le respect des règles académiques et des personnes lors des États généraux de l’enseignement supérieur (ÉGES).
Philippe Lebel, doctorant en microbiologie et coordonnateur à la recherche universitaire de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), a surtout traité du financement de la recherche du point de vue étudiant et de l’importance des bourses d’initiation à la recherche au premier cycle dans une perspective d’accessibilité aux études et de durée des études. Il a aussi parlé de l’impact financier de l’accès au savoir et des frais indirects de recherche sur la communauté étudiante.
Michel Ouellet, professionnel de recherche et chef de projet au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL), s’est penché sur les contrecoups du sous-financement de la recherche pour le personnel salarié, de même que sur le peu de reconnaissance qu’on lui témoigne. Il a aussi brièvement abordé le rapport Naylor et sa recommandation clé quant à l’importance d’investir davantage de ressources dans la recherche fondamentale et de moins investir dans celle qui est axée sur les priorités. Il revient donc aux organismes subventionnaires d’influencer les conditions de travail et l’intégrité de la science au moyen de règles, priorités et orientations.
Vincent Mauger, chargé de cours à l’Université Laval et doctorant en design et culture numérique a, dans un premier temps, abordé la participation et la contribution des chargés de cours à la recherche en insistant sur la complexité multiforme qui caractérise leurs parcours professionnels et universitaires et qui crée ainsi des liens plutôt fragiles avec la recherche se superposant à leur enseignement; il a ensuite expliqué que les voies d’accès au perfectionnement sont souvent entravées par les administrations universitaires et ce, alors même que les chargés de cours détenteurs d’un doctorat augmentent. Finalement, il faudrait concevoir un nouveau rôle structurel pour les chargés de cours leur permettant de participer à un travail d’équipe créatif qui pourrait s’effectuer avec des professeurs.
Chantal Sylvain, professeure adjointe à l’Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre d’action en prévention et en réadaptation de l’incapacité au travail (CAPRIT), a fait un exposé sur le contexte des règles de financement qui priorisent les recherches visant à résoudre des problèmes qui ne sont plus seulement circonscrits par les chercheurs. De cette production des connaissances découlent des iniquités qui s’illustrent entre les chercheurs en recherche appliquée et les autres. Une piste d’amélioration serait de mieux soutenir l’application dans la pratique clinique des principes de l’évaluation de programme auprès d’étudiants qui sont inscrits au 2e cycle universitaire dans le champ de la réadaptation.
Lynn Lapostolle, enseignante au CÉGEP du Vieux-Montréal et directrice générale de l’Association pour la recherche au collégial (ARC), a dressé un tableau de la recherche à ce premier niveau de l’enseignement supérieur. Bien qu’elle soit mal connue et sous- utilisée, cette recherche se réalise dans trois secteurs importants : société et culture, nature et technologies, santé. Diverses problématiques sont examinées dans divers domaines par des chercheurs, de façon autonome ou en collaboration avec des chercheurs d’autres collèges ou universités, ce qui permet le regroupement stratégique d’équipes. Trois principes peuvent améliorer les conditions de travail et assurer une meilleure diffusion des résultats: maintien du caractère volontaire de la recherche, participation à la recherche dès l’embauche et engagement de toutes les ressources disponibles pour faciliter la recherche, par exemple de l’élaboration d’un projet au transfert des connaissances.
En bref, l’atelier a exposé diverses possibilités pour améliorer les conditions de recherche et de financement des chercheurs et s’assurer que tous les établissements fassent en sorte que la somme des connaissances humaines permette un meilleur développement socioculturel et économique.
Brigitte Roberge
Chargée de cours au Département de langues, linguistique et traduction
Faculté des lettres et des sciences humaines.